Le monde connaît une crise majeure depuis plusieurs mois qui impacte de nombreux secteurs, dont l’univers automobile : la crise des semi-conducteurs. La pénurie de ces composants électroniques entraîne des conséquences directes sur la fabrication des véhicules et sur leur disponibilité sur le marché. Si les fabricants restent optimistes pour la fin de l’année, de nouvelles prévisions indiquent des perturbations pouvant aller jusqu’en 2024.
Feu Vert Entreprises fait un point sur la situation de la crise des semi-conducteurs et vous présente les prévisions pour 2022.
Depuis presque deux ans, le secteur de l’industrie automobile doit faire face au manque d’approvisionnement des semi-conducteurs. Avec la crise de la Covid-19, de nombreux pays ont instauré une politique de sécurité et de santé publique. Une politique qui a demandé aux entreprises spécialisées dans les technologies d’augmenter la fabrication de produits informatiques pour répondre au besoin de télétravail. Cette forte demande est en partie, la cause de la crise des semi-conducteurs. Et cette pénurie de puces électroniques ne devrait pas s’arrêter de sitôt.
Un marché tendu causé par une forte demande et une offre qui ne suit pas
La crise des semi-conducteurs continue encore à faire parler d’elle. Ces composants électroniques se trouvent dans de nombreux appareils tels que les smartphones, les ordinateurs mais également dans les voitures. Pourtant, depuis la première vague de la pandémie Covid-19, ces puces sont devenues rares et précieuses pour tous les fabricants de l’industrie automobile. Dans un véhicule, les semi-conducteurs ont un rôle de premier plan pour l’électrification des assistants à la conduite et pour certains éléments de sécurité.
Une situation qui demande aux Etats membres de l’Union Européenne de repenser la production des puces électroniques
Cette pénurie des semi-conducteurs entraîne depuis plusieurs mois, des délais prolongés de fabrication des véhicules et de leur livraison. Par conséquent, les principaux Etats consommateurs doivent réfléchir à de nouvelles façons de produire les semi-conducteurs. Une information d’autant plus vraie en Europe puisque moins de 8 % des semi-conducteurs mondiaux sont produits en Europe. Ce faible pourcentage est révélateur de la forte politique de fabrication des pays asiatiques comme Taiwan.
Pour autant, l’Europe n’a pas dit son dernier mot pour 2022. En effet, les membres de l’Union Européenne affichent leur ambition de multiplier par quatre leur production de puces électroniques d’ici 2030. Un bon moyen pour l’Europe d’affirmer sa souveraineté et d’accompagner toutes ses usines vers les nouvelles technologies.
En parallèle, de grandes firmes américaines telles que Intel envisagent d’implanter des usines de semi-conducteurs en Europe. Le marché européen devrait donc subir de profondes mutations dans les mois à venir.
Un marché automobile qui doit se réinventer pour garantir une offre conséquente
Selon le cabinet AlixPartners, la pénurie de composants électroniques a empêché la production de plus de 7,7 millions de véhicules en 2021, ce qui représenterait un manque à gagner de près de 180 milliards d’euros. Si certains fabricants et constructeurs automobiles gardent l’espoir de voir la fin de crise dès la fin de l’année, d’autres acteurs estiment que la reprise ne se fera pas avant 2024.
Encore des mois compliqués à venir ?
La situation va-t-elle encore perdurer cette année ? Telle est la question que se posent les acteurs de l’industrie automobile en prenant en compte plein de données économiques et sociétales. Pour Volkswagen, l’approvisionnement des semi-conducteurs devrait s’améliorer en 2022 mais ne reviendrait à la normale que d’ici 2024. Le constructeur BMW évoque les mêmes prévisions que Volkswagen en parlant d’une pénurie jusqu’en 2023.
D’ailleurs, une étude publiée en décembre 2021 par le cabinet Roland Berger estime que la demande mondiale de puces devrait augmenter de 17 % en 2022 tandis que l’offre ne progresserait que de 6 %. Une différence conséquente qui ne ferait qu’accroître les problèmes d’approvisionnement auprès des constructeurs et fabricants automobiles.
Une autre information à prendre en compte : la crise touche principalement les semi-conducteurs issus des anciennes générations. Malheureusement pour le secteur automobile, ce sont ces puces qui sont généralement utilisées dans l’électrification et la sécurité des éléments.
Vers la fin de la pénurie ?
Cependant, tout n’est pas sans espoir pour les constructeurs de véhicules. L’accord entre l’entreprise américaine Qualcomm et le groupe Renault en est le parfait exemple. Les technologies développées par Qualcomm équiperont désormais les prochains véhicules du groupe français.
L’ouverture de nouvelles usines en dehors des pays asiatiques (Taiwan, Corée du Sud, Japon et Chine) est également une solution pour arriver à la fin de la crise. Il faut néanmoins garder en tête qu’une usine ne se construit pas du jour au lendemain et que l’internationalisation des puces électroniques est une solution à penser sur le long terme.
Enfin, certains constructeurs optent pour des semi-conducteurs plus innovants moins touchés par la pénurie. Tesla a fait ce pari et il paie puisque la marque livre ses véhicules sans trop de difficultés dans ses délais de livraison. Utiliser de telles puces implique une nouvelle vision de recherche et de développement ; et va certainement entraîner une mutation des secteurs de l’industrie.
Quelle est la situation en France ?
En France, la crise des semi-conducteurs impacte les flottes automobiles des entreprises puisque la fabrication de certaines voitures tourne au ralenti. D’ici la fin 2022, il faut s’attendre à ce que les longs délais de livraison perdurent. Un phénomène encore plus accentué par la guerre en Ukraine car le pays joue un rôle de poids dans la fabrication des semi-conducteurs. En effet, il fournit le Néon, un composant phare du laser des graveurs de puces électroniques.
Ainsi, la crise des semi-conducteurs n’est pas prête de s’arrêter en 2022. La pénurie devrait se ralentir au cours du deuxième trimestre mais impacterait encore de nombreux secteurs dont le celui de l’industrie automobile. Les conséquences se font déjà ressentir au niveau mondial mais les constructeurs de voitures vont peut-être repenser leur politique d’approvisionnement et qui sait, se tourner davantage vers des semi-conducteurs issus des nouvelles générations.
