L’invasion brutale de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022 a donné lieu à un conflit militaire important. Si les pays occidentaux ont fermement condamné les agissements de Vladimir Poutine, nous pouvons malgré tout nous attendre à diverses conséquences économiques.
Difficile de prédire toutes les tournures que va prendre cette guerre : à quoi faut-il s’attendre et quels pays seront concernés ? La France sera-t-elle touchée par la guerre en Ukraine ?
Des turbulences se feront ressentir sur les marchés financiers et peuvent fragiliser l’économie mondiale, mais qu’en est-il du secteur automobile ? Feu Vert Entreprises vous livre ses premières réponses : focus sur les conséquences induites par le conflit russo-ukrainien sur le secteur automobile.
L’industrie automobile épuisée par les crises
Entre la crise de la Covid-19 avec la fermeture temporaire des usines européennes, l’effondrement de la demande dû aux confinements, le chômage partiel et donc une reprise difficile de la production, l’industrie automobile s’est vue fragilisée. S’ajoute la pénurie mondiale des semi-conducteurs qui a suivi, ayant pour conséquence un ralentissement du redémarrage des certaines entreprises.
Le secteur automobile va sans doute connaître des perturbations non anticipées dues au conflit et faisant suite à ces deux crises consécutives.
L’industrie automobile européenne sera de nouveau éprouvée et des conséquences critiques sont déjà à déplorer.
Les chaînes d’approvisionnement impactées
Une conséquence relevée assez tôt : la suspension de la production Michelin sur plusieurs sites. Les raisons concernent la logistique et notamment les retards ou impossibilités de livraison de matière premières telles que la résine ou le noir carbone directement en provenance de Russie.
Certaines conséquences sont immédiates comme la privation de pièces essentielles et de composants pour de nombreux constructeurs automobiles, causant la suspension de toutes activités sur plusieurs sites. Nous avons relevé par exemple, la suspension des usines du groupe Leoni et des ruptures d’approvisionnement chez Audi, BMW ou encore Mercedes qui ont, par conséquent, pris des mesures de chômage partiel.
Le groupe Renault a notamment stoppé une partie de sa production en fermant l’usine de Moscou afin de sortir de cette position assez inconfortable puisque la marque représente le constructeur automobile majeur en Russie.
Problématiques au niveau de l’emploi, de l’achat et de l’approvisionnement, les constructeurs automobiles vont connaître une période pouvant se compliquer rapidement.
L’envolée des prix : qu’en est-il des matières premières ?
La Russie était, il y a quelques années, l’exportateur mondial de pétrole, de gaz naturel et de charbon. En 2021, le pays exportait encore d’importantes quantités à travers le monde. Les produits concernés sont essentiellement les ressources énergétiques citées précédemment, l’acier laminé, des minéraux utiles à de nombreuses industries, des métaux ferreux et non ferreux. À savoir que le pétrole et les produits dérivés du pétrole constituent la majeure partie de l’exportation russe.
La guerre vient ainsi prolonger la hausse des prix des matières premières. Le nickel est un métal important pour les constructeurs automobiles car il évite la corrosion des alliages mais son prix a tellement augmenté que les industriels vont avoir du mal à s’en procurer. Ce composant est également utilisé dans la production des batteries des voitures électriques, ce qui pourrait entraîner une forte hausse des prix de ces véhicules. La situation peut évoluer rapidement.
La crise sanitaire avait engendré les ruptures d’approvisionnement et les hausses de prix, les constructeurs n’avaient d’autres choix que de procéder à des augmentations tarifaires de leurs propres produits.
Le pétrole constitue l’une des conséquences les plus immédiates pour les professionnels comme les particuliers : la forte augmentation des prix à la pompe. Le prix du carburant est un sujet sensible et en ce qui concerne la France, l’État a mis en place la “remise carburant” qui est entrée en vigueur le 1er avril 2022.
Le plan de résilience économique et sociale
Le Premier ministre a mis en place un plan de résilience économique et sociale pour faire face aux augmentations des prix des matières premières liées à la guerre en Ukraine. Ce plan est évolutif et adaptable selon les conséquences engendrées.
Dans le cadre de ce plan économique, le Premier ministre a annoncé une baisse des prix des carburants de 15 centimes par litre, hors taxe, financée par l’Etat et sur une période de 4 mois.
Sur le site du gouvernement, nous pouvons retrouver le détail concernant cette mesure :
“Avec la TVA, cette réduction atteindra 18 centimes par litre dans l’hexagone, soit 9€ pour un plein de 50 litres”.
Ainsi la remise carburant de 15 centimes HT, est appliquée pour les ménages et entreprises du 1er avril au 31 juillet.
Les perspectives quant aux prochains mois sont assez incertaines, mais les pénuries de matières premières prolongeront les hausses des prix pour l’industrie automobile. Entre l’arrêt des usines ukrainiennes et l’invasion russe, des conséquences sont à prévoir à échelle européenne. L’Ukraine est le principal fournisseur en Europe de faisceaux de câblage, pièces essentielles pour la construction de véhicules. Des conséquences directes peuvent également survenir au niveau de l’emploi en raison de la fermeture des usines de certains groupes et constructeurs auto.
La situation du marché de l’automobile peut évoluer rapidement en fonction des dernières retombées dues au conflit en Ukraine.
En France, le gouvernement œuvre déjà pour pallier ces hausses en mettant en place des mesures économiques, l’affaire est à suivre.